Une vie tranquille, paisible, loin des paparazzis, des médias, de la célébrité et de tout ce qui va avec, dire que je n'en ai pas déjà rêvé, ce serait mentir. C'est à l'âge de onze ans, environ, que j'ai débuté ma carrière de comédienne, mais c'est plutôt à l'âge de vingt-quatre ans que je me suis fait connaître au grand public, avec mon rôle dans Veronica Mars. Puis six ans, presque sept, se sont écoulés. Six années durant lesquelles j'ai obtenu divers rôles dans divers films, séries, etc. Six années qui m'ont épuisée, je dois bien l'avouer. Heureusement, de nombreux points positifs sont toujours là pour me remonter le moral quand j'en ai grandement besoin. Moral que je m'efforce de garder dans le côté positif. Toujours. Sinon, je ne tiendrais pas bien longtemps dans le monde de la comédie. Il faut supporter les paparazzis, les fans hystériques qui ne nous laissent pas une minute de répit, etc... Pourtant, j'aime me faire arrêter dans la rue pour signer deux ou trois autographes, parfois plus. Mais j'avoue que devoir fuir une bande de fans qui me sautent dessus, cela me plaît beaucoup moins, et de loin. Je ne dirais pas non à un ou deux jours sans tout ça, en redevenant une parfaite inconnue aux yeux de tous. Mes pensées en sont là quand je me décide enfin à sortir de mon lit. Enfin est un bien grand mot... Après tout il n'est que neuf heures trente. Quoi que, c'est une grasse matinée pour moi. D'habitude, je suis debout bien avant. J'ai juste une journée de répit. Enfin, répit entre guillemets, bien sûr... J'ai prévu de sortir mais je sais parfaitement que je me ferais accoster, ne serait-ce qu'une fois ou deux. Je verrai bien, de toute façon...

J'attrape des vêtements et file dans la salle de bain. Il ne me faut pas plus de trente minutes avant que je n'en sorte, toute habillée, toute propre. Je suis habillée le plus simplement du monde : jean noir, tee-shirt marron et veste noire par-dessus. Des chaussures avec des petits talons feront amplement l'affaire. Les robes, et les chaussures avec des talons immenses, je garde ça pour les sorties "officielles". Cinq minutes de plus et je quitte l'appartement. Appartement que je partage avec ... mon chat ! Ma vie de célibataire me convient parfaitement et elle va également très bien à mon chat, j'en suis persuadée. Pour une fois que j'ai une journée de libre, je veux en profiter au maximum. Mon sac à main du côté droit, j'avance dans les rues de Los Angeles, regardant autour de moi. Mes cheveux sont lâchés et je porte des lunettes de soleil, précaution prise histoire de ne pas me faire remarquer trop facilement. Alors que je m'apprête à entrer dans un magasin, mon téléphone sonne. Je le sors de mon sac et regarde l'écran. Mon agent. Décidèment, je ne peux pas avoir une journée de libre. Soupirant, je raccroche, éteignant mon portable par la même occasion, et le remets dans mon sac. Ainsi, je ne me ferais plus déranger par qui que ce soit.

Pour l'instant, je me contente de passer devant les différents magasins, sans entrer dedans. J'ai largement le tour de faire plusieurs fois le tour de chacun d'entre eux, alors autant que, ce temps, je le prenne, non ? Alors que je passe devant un énième magasin, je change de rue et me retrouve dans un endroit où quelques personnes traînent, mais sans plus. Insctinctivement, comme si j'avais deviné de qui se trouvait là. J'avais raison. Ian se trouve à quelques pas seulement de moi. Seule solution qui se propose à moi : faire comme si je ne l'avais pas vu. Et c'est ce que je fais. Je regarde le sol et avance, passant à côté de lui "sans le voir". Pas très discret, je sais... Mais ça aurait été pire si j'avais carrément fait demi-tour, non ?

Je marche sans même m’en rendre compte. En fait, je suis totalement perdue dans mes pensées et je ne me rends qu’à peine compte de ce qui m’entoure. Il y a bien un ou deux magasins auxquels je jette un petit coup d’œil mais sans plus. Je ne cherche pas à entrer dans l’un d’entre eux. Je suis surtout là pour me détendre et profiter de cette journée totalement libre, pas pour acheter des vêtements. Après tout, j’en ai bien suffisamment chez moi, pas la peine d’en rajouter tout un tas ! De toute façon, je n’ai pas la tête à faire du shopping pour l’instant. Je sais, dans ce cas, j’aurais mieux fait de rester chez moi. Mais où est l’intérêt ? Je préfère encore marcher, prendre l’air, et pourquoi pas signer un ou deux autographes si l’on m’arrêter, plutôt que de rester allongée dans mon lit, à fixer mon plafond, sans aucun but précis. Certes, en sortant, je n’en ai pas non plus mais cela me permet de respirer de l’air frais. Quoi que … Los Angeles est une ville pleine de circulation alors l’air n’y est pas si frais que ça, au final… Je préfère, et de loin, ma petite ville natale. Bien plus petite mais au moins, l’air n’étais pas aussi pollué qu’ici. Ce petit inconvénient mis à part, j’adore Los Angeles, il n’y a pas à dire ! Après tout, c’est grâce à cette ville si je fais un métier qui me plaît aujourd’hui. En continuant à marcher, je me mets à penser à Rachel. Oui, oui, c’est bel et bien à Rachel Bilson que je pense, l’héroïne de la série « Newport Beach ». C’est aussi ma meilleure amie. J’aurais aimé qu’elle soit là, aujourd’hui, pour faire passer le temps plus vite, mais bien, évidemment, elle a énormément de travail… Et elle n’a pas eut de jour de congé pour aujourd’hui. Dommage.

Je suis tellement dans mes pensées que j’aurais pu ne pas remarquer Ian. Mais comment le louper ? Il est juste en face de moi. Quoi que, lui, ne me voit pas, puisqu’il est de profil, en train de regarder dans une vitrine. Vitrine que je ne vois pas encore. Et puis, on ne peut pas franchement dire que ce soit la vitrine qui m’intéresse. Pas pour l’instant. Ian, que je me suis efforcée d’éviter depuis plusieurs mois, est là, en face de moi, alors que je me baladais dans les rues de Los Angeles. Est-ce que j’ai de la chance ? Jusque là, j’ai toujours pensé que oui, j’en avais même énormément. Il faut croire que je me suis lourdement trompée. Il n’y a qu’à moi que cela peut arriver finalement. Mon cœur bat à cent à l’heure. Faites qu’il ne me voit pas… Je m’empresse de le contourner pour continuer ma route et partir loin d’ici avant qu’il ne remarque ma présence. Je peux bien faire comme s’il ne m’avait pas vu. C’est possible et envisageable, non ? Je fais mine de regarder de l’autre côté et passe derrière lui. Il me suffit de quelques pas pour que le soulagement s’empare de moi. J’ai réussi à passer sans qu’il ne se rende compte que j’étais là ! Un réel soulagement. Je ne suis, et ne serais très certainement jamais, prête à la discussion inévitable qui se serait produite s’il m’avait vue. Puisque la dernière fois que l’on s’est vus… on a passé la nuit ensemble et je n’étais plus là quand il s’est réveillé. Oui, un réel soulagement, sincèrement.

Evidemment, je suis tellement à côté de la plaque à cet instant précis que je n’ai pas pensé au reflet de la vitrine. Soit il m’a vue par là, soit il a juste un peu tourné la tête et c’est rendu compte de ma présence. Toujours est-il qu’un ou deux mètres plus loin, une main tapote doucement mon épaule. Merde. Sans même m’être retournée, je devine qui se trouve derrière moi. Ian. Qui d’autre ? Lentement, je me retourne, et m’efforce de garder un visage impassible. C’est dur, mais j’y parviens. Ça sert de prendre des cours de comédie, finalement. « Salut Kristen ! » « Oh, salut Ian ! » Je lui adresse un sourire, faisant mine de rien. J’ai toujours été très forte pour cacher ce que je ressens. Je le prouve une fois de plus, non ? Car le moins que l’on puisse dire, c’est que je suis carrément et définitivement en état de panique avancé ! Mon cœur le prouve, vu à la vitesse à laquelle il bat. Heureusement que Ian n’est pas un vrai vampire et qu’il ne peut pas entendre ce genre de chose ! « Le tournage de Vampire Diaries est terminé ? Engager la conversation pour que l’autre oublie ce dont il voudrait réellement parler est ma devise. Je suis très forte à ce jeu là, en fait… Avec un peu de chance, Ian parlera de la série, la conversation ne s’éternisera pas à et nous repartirons chacun de notre côté. Est-ce que j’y crois réellement ? Pas le moins du monde…

En tous les cas, même si j’avais su que je croiserais Ian en sortant de chez moi, je ne serais très certainement pas restée enfermée dans mon appartement. J’aurais été prendre l’air, loin d’ici s’il le fallait pour ne pas avoir à tomber nez à nez avec Ian, mais j’avais besoin de prendre l’air, où que ce soit. Et le balcon de mon appartement ne me suffisait pas ! Après tout, je passais la quasi-totalité de mes journées et de mes semaines sur des plateaux de tournage, cela n’avait donc rien de plaisant et, pour une fois que j’avais une journée de libre, je voulais en profiter au maximum. Bien sûr, j’aurais tout autant aimé ne pas croiser Ian, mais avais-je eu le choix ? Non, évidemment, on ne m’avait absolument rien demandé ! Et pourtant, je ne pouvais pas faire demi-tour. Il était là, devant moi, quelle excuse pourrais-je bien lui inventer ? Quoi que je dise, ce ne serait absolument pas crédible. Après tout, nous avions passé une nuit ensemble en novembre, c’est-à-dire il y a plusieurs mois, et j’étais partie le matin. Me réveiller aux côtés de Ian, dans l’appartement de ce dernier, m’avait causé un réel choc. J’aurais pu rester, après tout qui ne fantasme pas sur Ian Somerhalder ? Mais j’étais une lâche et je l’avais toujours été. La seule solution qui s’était imposée à moi : la fuite. Et c’était exactement ce que j’avais fait. Je m’étais rapidement habillée, en faisant bien attention de ne pas réveiller le jeune homme toujours endormi et j’étais partie. Sans me retourner, j’étais rentrée chez moi. Ce jour-là, j’avais rompu avec Dax, en lui expliquant pourquoi … je lui devais bien ça, non ? J’aurais pu retourner auprès de Ian, mais je ne l’avais pas fait … parce que j’étais une lâche.

Comme je l’avais déjà fait en novembre dernier : je prenais la fuite. Ou tout du moins, c’était ce que j’essayais de faire. Voir Ian ici m’avait limite rendue hystérique. Je voulais fuir. Au plus vite. Pendant ces derniers mois, j’avais tenté d’oublier cette nuit, d’oublier ce que je ressentais pour lui mais j’en étais parfaitement incapable. Cela peut paraître parfaitement stupide pour quelqu’un qui a fuit, non ? Je sais … Mais ne cherchez pas à me comprendre, c’est très difficile de le faire. Dans ma vie, je ne m’étais autorisée à aimer que quelques personnes. Ma famille, bien évidemment, et certains amis de plus ou moins longue date. Car, des amis, nous en avions toujours besoin. Pourquoi est-ce que Ian était une exception ? Une exception que je ne voulais pas m’autoriser à aimer. Parce qu’avec lui, c’était totalement différent. Ce n’était pas juste de l’amitié que je ressentais pour lui mais bien plus. Il y avait largement de quoi être effrayé non ? J’avais toujours, ou presque, été ainsi : fuyant les hommes que je commençais à trop aimer. Pourquoi ? Je n’en avais pas la moindre foutue idée ! Etait-ce à cause du divorce de mes parents ? Pensais-je que tout couple était voué à se terminer dans la plus grande des catastrophes : déchirement, divorce, larmes, etc… ? Ou alors était-ce depuis que j’avais perdue ma meilleure amie. J’avais toujours dit haut et fort que la mort de mon amie n’avait fait que me prouver que nous devions tous croquer la vie à pleine dents. Etait-ce vrai ? Ou n’était-ce qu’une carapace que je m’étais forgée pour cacher à quel point cette mort avait bouleversé ma vie ? Peut-être était-ce un mélange des deux … Oui peut-être.

Ian était là, juste en face de moi. Je m’étais retournée aussitôt qu’il avait tapé délicatement sur mon épaule et je m’étais retrouvée devant lui. J’aurais aimé tourner brusquement les talons et prendre mes jambes à mon cou, mais ce serait parfaitement stupide. Pour une fois dans ma vie, je devais faire face à la réalité… à ma manière. C’est pourquoi, une fois que je l’avais salué, j’engageais la conversation le plus rapidement possible. Aucun doute, s’il était venu me voir dans cette rue, c’était pour parler de ce qu’il s’était passé, non ? C’était en tout cas ce que je pensais. C’était bien pour ça que je lui demandais si le tournage de Vampire Diaries était déjà terminé. C’était évident, sinon, il ne serait pas en train de faire les magasins, non ? Mais sait-on jamais, peut-être avait-il juste une journée de libre, comme moi. « Oui. On va bientôt enchaîner avec la saison 3. Et toi de ton côté ? » Je devais faire de grands efforts pour le regarder dans les yeux. Comment faisais-je réellement ? Je n’en avais pas la moindre idée. Mais je le faisais, parce que je ne pouvais décemment pas contourner le jeune homme et repartir aussi vite que j’étais arrivée. J’avais laissé passer ma chance, il m’avait vue et à présent, je devais lui faire face. J’étais ma à l’aise mais je le cachais du mieux que je pouvais. Je n’allais pas le laisser savoir à quel point j’étais gênée et à quel point je voudrais fuir, à quel point je voudrais le fuir. « Et bien j’ai une journée de libre entre deux tournages pour House of Lies. » House of Lies… la nouvelle série que je tournais actuellement et qui me prenais pas mal de temps. Je jonglais entre cette nouvelle série, et divers autres films. Je relevais la tête, regardant Ian, en silence. Maintenant que le sujet lancé était terminé, je me doutais bien qu’il ne tarderait pas à me poser des questions. A moins qu’il ne soit pas du tout là pour ça ?

A l’époque du tournage de Pulse, m’étais-je doutée que ce serait une mauvaise idée que nos flirts aboutissent à quelque chose ? Je n’en avais pas la moindre idée … Nous avions flirté pendant tout le tournage, nous tournant autour sous le regard plus qu’amusé des producteurs et des autres acteurs mais nous n’avions absolument rien fait d’autre. Une fois le tournage terminé, nous étions partis chacun de notre côté. Nous n’avions pas cherché plus que cela à nous rapprocher. J’étais du genre à fuir plutôt que de m’attacher aux autres, c’était exactement ce que j’avais fait avec Ian, et ce que je faisais, aujourd’hui encore. Je serais parfaitement incapable de dire quand exactement les sentiments s’étaient fait une place entre nous. Etaient-ils déjà là quand nous tournions Pulse ? Ou n’avaient-ils fait leur apparition que le jour où nous nous étions croisés à la première de Burlesque et où tout avait dérapé ? J’opterais plus pour la première éventualité. Après tout, si j’étais sortie avec Dax, c’était pour me protéger, d’une certaine façon. Je sais, Dax n’avait absolument rien fait pour mériter ça… mais il avait toujours su, quand nous étions ensemble, que je n’avais aucun sentiment amoureux pour lui, que c’était uniquement de l’amitié. Et pourtant, il avait voulu rester avec moi. Jusqu’à ce que je rompe, il y a quelques mois de ça…

Je me rappellerais toujours de ce jour où je venais de me réveiller dans le lit de Ian. Toute sorte d’émotions étaient passés : surprise, remords, tristesse… Et pourtant, je n’avais pas réellement regretté cette nuit. C’était difficile à expliquer. Je ressentais du remord, bien évidemment, mais c’était surtout par rapport à Dax, je m’en voulais de l’avoir trompé. Certes il savait pertinemment ce que je ressentais – ou ne ressentais pas d’ailleurs – pour lui, mais ce n’était pas du tout le genre de chose que j’aimais. L’infidélité m’avait toujours fait horreur et je l’avais fait à Dax. Je m’en étais réellement voulue et après avoir été prendre une douche rapide chez moi, je m’étais empressée d’aller le voir, pour tout lui avouer et surtout, pour rompre. Ça n’avait pas été une partie de plaisir mais j’avais réellement été soulagée une fois que c’était terminé… Après ça, j’étais retournée chez moi et j’y étais restée tout le reste de la journée, à me tourner et me retourner dans mon lit. Plus d’une fois j’avais pris mon portable, allant sur le numéro de Ian pour l’appeler, et plus d’une fois j’avais été sur le point d’appuyer sur la touche d’appel avant de changer d’avis. J’avais passé une nuit quasiment blanche, à réfléchir à ce que je devais ou ne devais pas faire. J’avais fini par prendre ma décision. Décision que je comptais bien tenir jusqu’au bout. C’était exactement ce que j’avais fait jusqu’à maintenant … Mais le destin en avait, semble-t-il décidé autrement puisque je me retrouvais devant Ian et que je ne pouvais décemment pas fuir … J’étais obligée de répondre à toutes ses questions, à ma façon bien sûr, et je n’avais d’autre choix que de faire bonne figure, du mieux que je le pourrais.

Une fois que nous nous étions salués, je m’étais empressée de lancer un sujet de conversation neutre, de sorte à ne pas avoir à me justifier tout de suite. Cela viendrait, j’en étais persuadée, mais autant que ce soit le plus tard possible non ? Je lui avais parlé de Vampire Diaries. Car j’étais réellement surprise de le voir là, après tout, le tournage de la série lui prenait énormément de temps et c’était plus qu’étonnant de le voir à cette heure là dans les rues de Los Angeles… Je ne m’étais rappelée qu’après que le tournage de la saison deux était terminé puisqu’elle était diffusée en ce moment même. Elle la regardait même à chaque fois, ou presque, que la série passait à la télévision, mais ça, elle n’allait clairement pas le lui dire … Il ne tarda pas à me retourner la question, et je lui parlai de House of Lies, dont le tournage avait été interrompu pour la journée, de sorte à ce que nous puissions tous nous reposer un peu. « Bien bien. Je lui adressai un léger sourire, sans trouver quoi que ce soit à dire. Il aurait fallu, pourtant, ainsi il n’aurait pas pu lancer le sujet qui nous concernait tous les deux … Mais c’était trop tard, j’avais déjà suffisamment fait retarder l’échéance.

A présent, il était trop tard pour faire marche arrière. Une fois sa dernière phrase achevée, il ne tarda pas à reprendre la parole, pour poser les questions qui devaient le hanter depuis pas mal de temps maintenant… Mon regard était fixé sur les lunettes qu’il venait d’accrocher au col de son tee-shirt. Je voulais regarder tout et n’importe quoi mais surtout pas son visage ! Ce n’était vraiment pas le moment. « Hum…ça te dirait d’aller manger quelque chose ? Oui mais non à cette heure-là…Kristen, pourquoi es-tu partie ? Pourquoi je n’ai plus eu aucune nouvelle de toi ? Je suis désolé pour toutes ces questions mais j’ai essayé de retourner toutes ses questions mais je n’ai jamais trouvé de réponses ! » Voilà, maintenant, il s’était lancé … Et je n’avais d’autre choix que de lui répondre. J’ouvris la bouche, m’apprêtant à parler, la refermai aussitôt. Je finis par prendre une grande bouffée d’air frais pour me lancer. Enfin. « Et bien je … J’étais avec Dax tu comprends ? Et je … » Dis-je en m’efforçant de dire quelque chose de cohérent. Mais vu dans quel état je me trouvais actuellement, j’étais tout bonnement incapable de sortir quelque chose d’intelligent ! Ni même d’aligner suffisamment de mots pour dire une phrase complète. Je levai les yeux vers son visage. « Tu ne veux vraiment pas aller boire un café ? Ce sera mieux qu’ici… » Finalement j’étais capable de dire quelque chose de censé, tant que cela ne concernait pas Ian et moi-même. Et pourtant, il le faudrait bien au bout d’un moment…

Durant les quelques mois qui s’étaient écoulés depuis la nuit que j’avais passé avec Ian, je n’avais pas pu m’empêcher d’éprouver des regrets, à plusieurs reprises. Je regrettais d’être partie aussi lâchement, je regrettais de fuir la vérité. Une vérité qui finirait forcément par me rattraper… J’étais loin d’être la plus courageuse d’entre nous. Moi, j’avais pris la fuite avant même qu’il ne se réveille. Lâche, c’était le seul mot qui pouvait me qualifier. Quoi que, peureuse ferait aussi l’affaire… Mais c’était lié. J’avais pris la fuite parce que j’avais peur. Peur de tout ce que je pouvais ressentir, peur de devenir trop proche de Ian. C’était pourtant bien trop tard, à ce moment là. Nous avions passé la nuit ensemble, comment aurions-nous pu être plus proches encore que cela ? En devenant intimes sentimentalement, très certainement. C’était bel et bien la raison pour laquelle j’avais pris la fuite. Je ne voulais pas affronter mes sentiments, je ne voulais pas affronter tout cela. Pourtant, j’avais affronté Dax le lendemain matin, ce qui n’avait pas été une mince affaire. Quoi que, finalement, il n’avait pas réellement été réticent… Il n’avait pas eu, non plus, à me demander les raisons de notre rupture, je lui avais tout expliqué de moi-même, sans qu’il n’ait à poser aucune question. Je lui devais bien ça, après tout. Je l’avais trompée, j’avais trahi sa confiance, il avait largement le droit d’avoir des explications. Je n’avais omis aucun détail et au lieu de s’énerver comme il aurait dû le faire, il m’avait soutenue. Dieu que c’était pire encore. J’aurais préféré qu’il se mette à hurler, à casser des objets, bref qu’il s’énerve réellement, plutôt que ce soit lui qui me soutienne ! Et puis quoi encore ? Etait-il réellement amoureux de moi ? Je n’en avais pas la moindre idée mais je savais au moins une chose : depuis le début de notre relation, il s’était douté que cela n’étais pas lui et que ça ne serait jamais lui. Je le considérais plus comme un grand frère, un ami, voir même un meilleur ami, mais pas plus. Pourtant, notre relation avait tenu pendant pas mal de temps, parce que je m’étais bercée d’illusions, me faisant croire que je l’aimais réellement alors que, dans le fond, je savais pertinemment que ce n’était pas le cas… Au final, j’avais trahi sa confiance mais il s’était toujours douté que notre relation finirait par se stopper, pour une raison ou pour une autre. Je n’avais pas eu assez de courage pour rester à ses côtés en tant qu’ami et je n’étais pas prête de retourner le voir. J’avais bien trop honte pour ça.

Les jours qui avaient suivi avaient été plus que difficile. J’avais dû poursuivre les tournages sur lesquels je travaillais tout en faisant comme si de rien était. Bien sûr, il avait fallu très peu de temps pour que la presse parle de cette dernière nouvelle, la rupture des fiançailles de Dax Shepard et Kristen Bell n’était pas passé inaperçus, et tout le monde pensait que si je souriais moins, c’était à cause de ça. S’ils savaient… Car, non, ce n’était pas du tout parce que j’étais triste de ne plus être avec Dax si j’étais moins joyeuse tout à coup, c’était juste à cause de cette nuit passée aux côtés de Ian. Je ne regrettais pas le moins du monde ce qu’il s’était passé, comment le pourrais-je ? Je regrettais seulement de ne pas être plus forte, de ne pas oser l’appeler, d’avoir tant hésité à appuyer sur le bouton d’appel en fixant l’écran et son numéro, de ne pas l’avoir fait, au final. Je regrettais tellement de choses, je m’en voulais. Je m’en voulais d’être comme ça, pourquoi n’étais-je pas douée pour montrer mes sentiments ? Pourquoi avais-je peur de ce que je ressentais ? Toutes ces pensées avaient obscurci mon esprit pendant tout ce temps, et je n’avais pas pu penser à autre chose pendant au moins une semaine. J’avais failli plus d’une fois aller sur le tournage de Vampire Diaries pour voir et parler à Ian, mais je n’en avais pas été capable, comme je n’avais pas été capable d’attendre son réveil avant d’aller voir Dax, comme je ne serais très certainement jamais capable de lui parler à cœur ouvert. Pourtant, je me trouvais actuellement face à lui, et il n’avait pas pu s’empêcher de me poser toutes ces questions qui devaient le travailler depuis tant de temps… J’aurais aimé fuir ces questions, comme je l’avais déjà fait, j’étais et je resterais une lâche, après tout, mais je ne le pouvais pas. Pour une fois, je voulais me forcer à affronter la vérité, à affronter ce que j’avais fais. Mais c’était plus facile à penser qu’à faire, bien sûr…

Dans un premier temps, j’avais tenté d’éviter le sujet qui, je le devinais, finirait par se poser. Lui parler de ce qu’il faisait actuellement me paraissait être la meilleure solution, et puis ce sujet m’intéressait réellement. Mais, bien sûr, ce sujet ne dura que très peu de temps. Quelques échanges de banalité et le silence s’installait de nouveau… Pour peu de temps. Le sujet principal qui nous concernait tous les deux revenait inévitablement à la charge. Cette fois-ci, pas de fuite. Je devais faire face à mes responsabilités, je devais faire face à tout ce que je pouvais ressentir. Je n’avais pas d’autre choix. Le penser était une chose, l’appliquer en était une autre encore. Et c’était bien plus compliqué que je n’aurais jamais pu l’imaginer. Je bafouillais, fixais les lunettes de Ian, à présent accrochées au col de son tee-shirt. Que pouvais-je bien dire ? J’avais l’impression de n’avoir aucune excuse logique à lui fournir. Ce qui n’était pas totalement faux. Qui était faible comme moi au point de fuir ses propres sentiments ? Personne, à n’en pas douter… Et comme une erreur ne vient jamais seule, je n’avais pas pu m’empêcher de parler de Dax. Pourquoi ? Parce que cela m’était apparu si facilement, c’était surtout la première idée qui m’était passée en tête, la première solution qui s’était proposée à moi. Pourtant, je ne pouvais pas rester sur ça… Je ne pouvais pas le laisser croire que j’avais pensé à Dax ce soir-là, alors que j’étais dans ses bras. Parce que le moins que l’on puisse dire, c’est que ça n’avait pas été le cas. En novembre dernier, c’était bien les lèvres de Ian qui étaient posées sur les miennes, et pas celles de Dax. Certainement pas. « Dax… » Pouvais-je réellement le laisser croire que c’était à Dax que je pensais en étant dans ses bras, à lui ? Non, je ne le pouvais… J’avais déjà fait suffisamment d’erreurs avec Ian pour éviter d’en produire une énième. Je lui devais bien ça, à lui aussi… Et comme une évidence, j’avais proposé que nous allions boire un café. Etait-ce une énième tentative de ma part pour fuir ? Pas le moins du monde… ce serait réellement mieux que nous soyons installés à une table, autour d’un café, plutôt que de rester ici, debout, devant un magasin, non ? J’étais, pour une fois, prête à parler à cœur ouvert devant Ian, autant que l’on en profite immédiatement.

« D’accord, je te laisse choisir où tu veux aller. » Je jetai un rapide coup d’œil autour de nous pour constater qu’un café se trouvait sur le trottoir d’en face. Etant donné que j’étais à présent motivée pour répondre à ses questions, histoire de dégager cette foutue culpabilité qui me hantait depuis une certaine nuit, je voulais que cela se fasse le plus rapidement possible. Je me tournai de nouveau dans sa direction et ne put empêcher un léger sourire de s’afficher sur mon visage en entendant sa dernière réplique. « Mais tu n’échapperas pas le sujet aussi facilement tout de même, mademoiselle Bell. » Il paraissait amusé, il était détendu, et moi c’était tout l’inverse, mais je n’allais quand même pas le lui montrer… J’étais même carrément mal à l’aise, rien qu’au fait de penser à la conversation qui allait suivre. Etais-je prête à parler de tout ça ? Je n’en avais pas la moindre idée mais prête ou pas j’en parlerai, parce que je n’avais pas le choix et que, pour une fois, je voulais me prouver que je pouvais être forte, à de très rares occasions mais c’était déjà mieux que rien. « Allons au café d’en face, ça suffira largement… Et ne te fais pas de soucis pour ça, je ne compte pas partir en courant. » Je soufflai intérieurement, pour me donner du courage. J’attendis qu’il se mette à son tour à bouger et on traversa la route. Direction : le café. J’entrai dans le café, Ian toujours derrière moi et j’allai m’installer à une table se trouvant dans un coin suffisamment à l’écart de la porte et des autres clients. La conversation serait déjà suffisamment difficile comme ça, je ne voulais pas, en plus, que nous nous fassions interrompre. « Qu’est-ce que tu veux boire ? » Un bon café ne me ferait pas de mal pour me donner un minimum de courage..

Des erreurs j’en avais fait. Comme tout le monde. Mais des petites erreurs insignifiantes bien vite réparées. Mais fuir Ian avait été ma plus grande erreur, je pouvais le dire sans le moindre doute. Je n’aurais jamais dû partir, je n’aurais jamais dû ne pas le rappeler. Et j’avais beau me dire ça, regretter ma fuite, je ne pouvais pas m’empêcher de ne rien faire pour que la situation change. Je n’avais pas été le voir, je ne lui avais pas envoyé de message et je ne l’avais pas appelé. En plusieurs mois, je n’avais absolument rien fait. C’était le soir que la tentation était la plus forte, que je voulais le plus prendre mon portable pour lui envoyer un message, faire quelque chose… Peut-être parce que, la journée, je me contentais de faire mon boulot et je ne laissais pas mes pensées vagabonder où bon leur semblaient. Sur les plateaux de tournage, c’était comme si j’oubliais tout. Bien sûr, Ian restait dans un coin de ma tête, mais j’évitais d’y penser. Ce n’était pas la peine qu’en plus de tout planter du côté de ma vie privée et sentimentale, je me mette à faire n’importe quoi au travail. Heureusement qu’il y avait le travail, sans ça, je ne savais pas du tout comment je ferais pour tenir. Et j’avais aussi mes amis, Dieu merci : Jensen, Rachel, Ryan, etc… A part à Rachel, je n’avais pas parlé de ma situation actuelle… Par honte ? Très certainement. Je m’en voulais de faire ça à Ian, alors que dans le fond, c’était bien la dernière chose que je souhaitais : faire souffrir Ian. Il ne le montrait pas, s’était même avec affiché avec Nina, mais le lendemain de l’avant-première de Burlesque, il avait dû m’en vouloir… Comment avais-je pu lui faire ça ? Comment pouvais-je être aussi stupide ? Qu’est-ce qu’il m’était passé par la tête ce matin là ? En fait, je savais très bien ce qu’il m’était passé par la tête… et c’était bien pour ça que je m’en voulais ! Je m’en voulais d’être faible, incapable d’assumer mes sentiments, et tout ce que je pouvais ressentir. Je m’en voulais d’avoir été aussi égoïste avec Dax mais surtout avec Ian. Ian que je n’avais pas revu depuis ce jour-là … pour la simple et bonne raison que je l’évitais. Et j’avais beau me répéter sans cesse que c’était stupide et que je devais absolument assumer tout ce que je pouvais faire ou ressentir, qu’une conversation était obligatoire, j’avais tout fait pour ne pas le recroiser. Par peur. J’avais peur de tout lui avouer, j’étais définitivement une handicapé des sentiments… Incapable d’exprimer quoi que ce soit.

En ouvrant les yeux, et en voyant Ian à mes côtés, je n’avais pas pu m’empêcher de paniquer automatiquement. Regrettais-je ce qu’il s’était passé ? Pas le moins du monde, cela avait été une nuit merveilleuse… Mais je me doutais depuis déjà pas mal de temps des sentiments que j’avais pour Ian et j’avais peur de faire une grosse connerie. N’était-ce pas risqué de me lancer dans une relation ? C’était stupide de dire cela, alors que je sortais avec Dax depuis plus de trois ans. Mais avec Dax c’était différent. Je le considérais plus comme un excellent ami que comme mon fiancé. J’avais accepté sa demande de fiançailles parce que cela me semblait être la suite logique de notre relation. Avec Dax, je ne craignais rien, c’était la stabilité assurée. Je ne nourrissais pas de réels sentiments à son égard mais il saurait prendre soin de moi, et je ne souffrirais pas. En réalité, je m’étais bien plantée. J’avais tout fait de travers. En plus d’avoir souffert, et de souffrir encore aujourd’hui, j’avais fait souffrir deux autres personnes. Dax, qui avait beau tout savoir me concernant, dont mes sentiments pour Ian, et mes non-sentiments pour lui, avait souffert. Je l’avais vu dans son regard, ce matin là, quand j’étais allée tout lui raconter. Oh, je lui avais épargné les détails et il savait très bien ce qu’il s’était passé. Il ne me l’avait pas directement dit mais j’avais tout de suite su qu’il ne voulait pas que l’on se revoit. J’aurais aimé rester ami avec lui mais ça aurait été trop lui demander. Je devais m’estimer heureuse qu’il l’ait aussi bien pris, qu’il soit resté aussi… serein et calme. Beaucoup auraient très mal réagis et je n’aurais pu que comprendre, en même temps. Et, en fin de compte, je me sentais plus libre depuis que j’avais rompu avec Dax. Je ne me rendais compte que maintenant que j’avais vécu cette relation comme un fardeau, presque une obligation. Si, sur le moment, cela m’avait parue naturel et nécessaire pour avoir un minimum d’équilibre dans ma vie, je me rendais compte que c’était loin d’être le cas. Et que je pouvais tout aussi bien m’en sortir seule ! Bien sûr, il me manquait toujours un petit quelque chose, je me sentais toujours un peu seule et je ne serais pas contre une présence supplémentaire mais cela demandait du temps et je n’en avais pas. Et surtout, cela demandait de l’implication personnelle. Etais-je prête à m’impliquer de nouveau dans une relation ? Pas le moins du monde… Et je ne le serais peut-être jamais. Parce que j’avais peur. Encore et toujours.

Finalement, c’était une bonne chose que je me retrouve par le plus grand des hasards face à Ian. Cela m’empêchait ainsi de fuir, fuir comme je l’aurais fait si j’avais su par avance que je le croiserais ici. Je me doutais qu’il voudrait parler de ce soir là, et je n’avais pas hésité une seule seconde avant de lancer un sujet de conversation. Sujet de conversation qui tomba presque immédiatement à plat, laissant libre accès à Ian pour parler de ce qui lui tenait réellement à cœur. Dire que j’étais mal à l’aise était faut. J’étais carrément et définitivement gênée. J’aurais voulu me cacher dans un trou de souris, ou même partir en courant, tiens ! Mais je l’avais déjà suffisamment fait souffrir comme ça… non ? Je lui devais la vérité, pour une fois. Je devais faire ça… pour lui. Ce serait simple : je n’aurais qu’à lui dire tout ce que j’avais sur le cœur et ce serait fait. Etait-ce raisonnable dans le fond ? N’allais-je pas regretter de me livrer ? N’allais-je pas souffrir, au final ? Je devais arrêter de trop réfléchir… Ce n’était réellement pas une bonne idée ! Je verrais bien mes réactions sur le moment ! Et surtout, je devais m’obliger à tout lui dire, ou presque. Et puis j’avais beau tenter de me faire croire que ma vie me convenait ainsi… je me surprenais sans cesse à regretter d’être comme ça. J’aurais tellement aimé être différente, et ne pas avoir peur de ce que je ressentais. Mais j’étais ainsi… et j’allais devoir faire avec. Peut-être qu’en me livrant à Ian, je me sentirais plus libre, comme je m’étais sentie après avoir rompu avec Dax. Il y avait même de grandes chances pour que cela se passe ainsi… Cela faisait trop longtemps que je gardais tout pour moi et me taisais. Il fallait à présent que j’assume. Mais ce n’était pas gagné…

Pourquoi avais-je parlé de Dax ? J’aurais pu faire en sorte d’éviter ce sujet… C’était, en effet, un sujet très délicat ! Mais… après tout, c’était une des raisons pour laquelle j’étais partie le lendemain de cette fameuse nuit, non ? Oui … Mais ce n’était pas la véritable raison… Ce que semblait avoir deviné Ian, à mon plus grand étonnement et mon plus grand désarroi. Il devinait, chez moi, beaucoup plus de choses que je ne le pensais. « J’y compte bien, Kristen… » Dit-il dans un souffle après avoir eut un petit rire discret. Je ne lui répondis pas… Qu’aurais-je pu ajouter ? Ses mots avaient eu le don de faire accélérer mon rythme cardiaque. Décidément, je détestais être amoureuse. Réellement. C’était stupide et cela devenait notre plus grande faiblesse. C’était précisément mon cas. Et c’était exactement pour cela que j’avais fuit. En vain, puisque je me retrouvais aux côtés de Ian, à traverser la rue dans laquelle nous nous étions rencontrés en direction d’un café où la discussion que je redoutais tant aller avoir lieu. Pourtant, je ne fuirais réellement pas, cette fois-ci. Et c’était bien la première fois ! Mes mains enfoncées dans mes poches, je regardais n’importe où autour de moi et devant moi tant que ce n’était pas Ian. Je savais qu’il était là, je ne voulais pas, en plus, me mettre à le fixer comme une demeurée. Ian me tint la porte le temps que j’entre dans le café et je choisis une table à l’écart des autres. Parce que je ne voulais pas que l’on se fasse interrompre, que ce soit par des paparazzis ou même des fans. Je voulais, au final, que cette conversation ait lieu et surtout, qu’elle puisse sans terminer sans que quoi que ce soit n’empêcher que cela se passe bien. Aussi bien qu’elle pourrait se passer, bien sûr… « Un simple café suffira. » Me répondit-il après que je lui eus demandé ce qu’il voulait boire. Je faisais peut-être un peu retarder la conversation, consciemment, évidemment… Mais elle finirait par se dérouler, c’était certain et nous avions toute la journée, non ? « Et toi, tu vas prendre quoi ? » ajouta-t-il très rapidement. Je relevai la tête et le regardai. J’avais laissé, une fois de plus, mes pensées partirent où bon leur semblaient et j’avais presque oublié que j’étais face à Ian. Je ne pris pas le temps de réfléchir, lançant presque immédiatement ma réponse. « Un café aussi. » Quand une serveuse s’approcha de notre table, je lui donnai notre commande et j’attendis en silence qu’elle revienne avec deux cafés. Ce qu’elle fit très rapidement. Quelques minutes plus tard, deux tasses étaient posées devant nous. J’en pris une gorgée, sûrement pour me donner du courage et la reposai devant moi, la faisant tourner entre mes mains. Je fixai le café qui bougeait en même temps que la tasse, et me décidai à prendre la parole. Enfin. « Alors… qu’est-ce que… qu’est-ce que tu voulais savoir ? » Je relevai la tête, le regardant dans les yeux. J’étais enfin prête à discuter de ce qu’il voulait. J’étais prête à affronter mes erreurs.

Cela aurait été nettement plus simple si je n’avais pas attendu pour l’appeler, ou lui donner un quelconque signe de vie. J’étais lâche, horriblement lâche et je n’avais aucune solution pour remédier à cela dans l’immédiat ! Si je pouvais retourner en arrière, je le ferais sans aucune once d’hésitation. Pas pour tout annuler, non, ça sûrement pas. Mais juste pour faire en sorte que je trouve le courage de l’appeler, de lui dire ce que je pensais de tout ça. Peut-être aurions-nous à présent construit quelque chose ensemble si j’avais trouvé ce courage, au bon moment. Plus le temps avait passé, et plus je m’étais dégonflée. Et cela n’avait fait qu’empirer au fil du temps. Rien d’étonnant dans tout ça. Plus j’attendais et moins je le ferais. C’était l’évidence même. Et pourtant, je ne parvenais pas à comprendre ce qui me bloquait à ce point. La fierté ? Non, il y avait peu de chance pour que ce soit ça. Oh, j’en avais, comme tout le monde ! Mais pas au point de ne pas oser appeler quelqu’un, ni même de fuir avant qu’il n’ait eu le temps de se rendre compte de quoi que ce soit ! Non ce n’était pas la fierté, c’était certain. Si ça avait été cela, je n’aurais pas réagit de cette façon, j’en étais persuadée. J’essayais de me voiler la face mais dans le fond, je savais très bien ce qui me bloquait. J’étais trop attachée à Ian, je tenais trop à lui. A tel point que c’en était devenu dangereux pour moi ! Comment pouvais-je être certaine qu’en me rapprochant encore plus de lui, je ne faisais pas une connerie monumentale ? J’avais beaucoup de mal à faire confiance aux autres. C’était très certainement ça qui avait crée ce blocage. Blocage qui n’aurait pas dû exister ! Je tenais à lui, cela aurait donc dû être simple. Tout simplement. Mais je n’étais pas comme ça, certains événements de mon passé m’avaient rendus aussi courageuse qu’un bisounours. Y pouvais-je quelque chose ? Peut-être… Si je faisais des efforts, peut-être parviendrais-je à vaincre mes peurs et à cesser de penser à l’imparfait…

Encore fallait-il que je sois capable de faire des efforts ! Et pourtant, je paraissais prête à en faire à ce moment précis. Je voulais, et devais, lui donner des explications. Cela ne pouvait pas être bien difficile, n’est-ce pas ? Il me suffirait d’ouvrir mon cœur, de dire ce que je pensais et ce serait terminé. Non ? C’était bien plus facile à dire qu’à faire, malheureusement. A part avec Rachel, je n’étais vraiment pas du genre à me confier. J’avais toujours été comme ça : préférant m’occuper des problèmes des autres plutôt que de poser un seul regard sur les miens ! Je préférais les ignorer, faire comme s’ils n’existaient pas. Oui mais voilà, ils finissaient toujours par refaire surface, d’une manière ou d’une autre. Et j’aurais dû me douter que ce serait pareil avec Ian. Ah… Ian ! J’avais été tellement bête, stupide, et plein d’autres mots dans le genre encore… J’aurais dû tout faire pour que cette nuit ne reste pas un simple souvenir mais comme toujours lorsque les sentiments étaient trop présents, je prenais la fuite. Rachel était une exception parce qu’elle était ma meilleure amie et que sans elle, cela ferait bien longtemps que je serais devenue complètement folle. Oui, c’était étrange de le dire, mais c’était une exception. Et j’étais parfaitement incapable de donner une explication précise à cela. Ian était aussi une exception, dans un sens puisque je m’apprêtais à tout lui dévoiler. Ça allait être difficile mais il fallait à tout prix que je le fasse ! Je lui devais bien ça après avoir gardé le silence pendant des mois… En partant comme une voleuse, je ne m’étais pas attendue une seule seconde à causer tout ça. Chez moi comme chez Ian, d’ailleurs. Il avait l’air préoccupé et je savais que c’était le moment ou jamais. Je devais me lancer ou je n’aurais plus jamais l’occasion de le faire. Et je ne pouvais décemment pas m’en vouloir toute ma vie pour une erreur stupide que j’avais faite ! Je devais mettre un terme à toutes ces souffrances inutiles maintenant ou je n’y parviendrais jamais.

J’étais complètement et définitivement stressée. Heureusement, je parvenais à masquer tout cela. Pas la peine de me ridiculiser encore plus en lui faisant comprendre que j’étais dans un état de panique avancé ! Et pourtant… ce n’était encore que le début ! Mais mon cœur battait à vive allure et je ne pouvais pas l’en empêcher, à mon plus grand malheur ! J’aurais, je n’en doute pas une seule seconde, également beaucoup de mal à m’exprimer, ma voix m’ayant presque totalement laissé tomber. C’était bien plus difficile que je le pensais de dire la vérité. Oh, je n’avais pas encore commencé à le faire avec Ian, mais j’en avais déjà un bref aperçu. Il n’y avait aucune issue possible pour moi et même s’il y en aurait eu une, j’aurais dû rester ici, à tout prix ! M’enfuir n’était plus dans mes possibilités. Je devais, pour l’une des premières fois de ma vie, faire face à mes responsabilités et surtout, à mes erreurs. Je regrettais d’avoir été aussi lâche. D’être partie comme si ce que nous avions fait cette nuit là était honteux. Et bon Dieu ça ne l’était pas ! Certes j’étais avec Dax à ce moment là, mais je lui avais dit le lendemain même… Faute avouée à demi pardonnée ? De toute façon, nous n’étions plus ensemble à présent, et c’était bien mieux ainsi. Oh, je ne dirais pas que je me plaisais dans ma vie de célibataire, ce serait mentir. Ma vie était devenue une longue suite de première, de soirées et de tournage. Je rigolais beaucoup mais il me manquait quelque chose. Et ce quelque chose se trouvait à présent face à moi, dans l’attente d’une réponse. De plusieurs réponses, finalement. Il y avait tellement de choses à dire, je ne savais pas par où commencer. Je lui demandai donc dans un premier temps ce qu’il voulait boire. Ce n’était pas réellement un moyen de laisser le temps s’écouler, de sorte à ce que je n’ai pas à répondre à toutes ses questions, puisque je le ferais, de toute façon. Je n’avais plus le choix. Je devais prendre les choses comme elle venait. Et c’était une chance qui ne se reproduirait très certainement jamais de m’expliquer enfin auprès de Ian. Il avait besoin de ces explications, je me devais de les lui donner sans hésitation ! Une serveuse brune ne tarda pas à venir vers notre table et je lui passai la commande. Quelques minutes plus tard, bien trop vite à mon goût, elle revint avec deux tasses de café. Il était sûrement temps de se lancer là !

Je pris une gorgée de café, voulant ainsi me donner du courage, puis levai les yeux en direction de Ian, après avoir lancé ma phrase, voulant ainsi mettre le sujet sur « la bonne voie ». Il me fixait déjà, lui aussi, et je ne pus m’empêcher de détailler ses yeux. Ses magnifiques yeux bleus qui m’avaient toujours fasciné. Non, décidément, je ne pouvais pas le fixer sans laisser mes pensées aller n’importer où. Je rebaissai donc le regard, posant mes yeux sur ma tasse de café immobile. « Je veux tout savoir. Pourquoi es-tu partie après cette nuit passée ensemble ? Et ne me réponds pas comme tout à l’heure que c’est à cause de Dax, parce que je ne te croirai pas. » Dit-il directement. Au moins, il ne prenait pas la peine de tourner autour du pot, contrairement à moi ! Et il avait parfaitement raison… Il ne voulait pas me brusquer mais il attendait depuis novembre des réponses, c’était donc parfaitement normal qu’il commence à « s’impatienter ». Je ne pus m’empêcher de relever la tête pour le regard. C’était la meilleure et presque la seule, façon que j’avais de tout lui dire. Le regarder dans les yeux, ouvrir la bouche, parler, former des mots et des phrases. Ce n’était pas bien compliqué, bon sang ! Alors pourquoi était-ce aussi difficile de dire la vérité ? Je pris une grande inspiration, ce qui me donna autant de courage que la gorgée de café tout à l’heure, c’est-à-dire : rien de plus que ce que je n’avais déjà. Niveau très faible de courage, donc. « Je… je crois que j’avais peur de ce que je pouvais ressentir… Tu comprends ? ... Enfin je suppose que tu ne comprendras pas, je ne comprends pas moi-même mais… » Dis-je d’une voix peu assuré, doucement, comme si j’avais peur que nos plus proches voisins nous entendent. Mais ce n’était pas ça du tout, j’avais juste peur de dire les choses. « Mais j’ai toujours eu peur de ce que je pouvais ressentir et j’ai pris peur en me réveillant à côté de toi. » repris-je rapidement, d’une voix beaucoup plus rapide cette fois-ci, comme si je voulais lancer tout ça, pendant que j’avais encore suffisamment de courage pour le faire. J’espérais sincèrement qu’il avait compris ce que je voulais dire : je l’aimais réellement, mais j’étais une lâche, une handicapée des sentiments. Et s’il n’avait pas compris, je lui expliquerais plus clairement… Je n’étais plus à ça près maintenant ! Je détournai le regard, ne pouvant pas soutenir le sien une seconde de plus. Je bus une gorgée de café, attendant anxieusement une réaction de sa part, fixant le mur, quelque part au-dessus de l’épaule de Ian.

Ian Somerhalder &
Kristen Bell

Avais-je toujours été aussi lâche ? Je n'en avais pas la moindre idée. Tout ce que j'étais capable de dire c'est que j'étais lâche uniquement au niveau des sentiments amoureux. La preuve, j'étais toujours aussi proche de la plupart des membres de ma famille et cela ne me posait pas le moindre problème. J'avais également des amis à qui je fais entièrement confiance. Je comptais sur Rachel, j'étais très proche d'elle et cela ne m'avait pas effrayé une seule seconde. Je serais parfaitement incapable de la faire souffrir et je ne donnais pas cher de moi si elle venait à me faire un coup tordu ou à cesser de me donner signe de vie. Oui, elle représentait beaucoup. Pourtant, je n'avais jamais chercher à la fuir ou même à la tenir à distance. C'était étrange et j'avais beaucoup de mal à comprendre moi-même. Etait-ce à cause de mon ancienne meilleure amie que j'avais perdu des années auparavant ? Improbable, après tout, c'était ce que je pouvais ressentir pour Ian qui me faisait fuir, pas mon amitié pour Rachel. Il était, en revanche, plus envisageable que tout ça vienne du divorce de mes parents. J'étais, certes, jeune à cette époque là, mais j'avais eu beaucoup de mal à l'accepter. Peut-être était-ce tout simplement la peur de l'échec. Je n'avais jamais eu réellement confiance en moi et cela était peut-être l'élément déclencheur, parmi tant d'autres. Un mal de crâne menaçait de pointer le bout de son nez si je tentais encore de comprendre des choses sur lesquelles je ne mettrai très certainement jamais le doigt. J'étais comme ça et je devais faire avec, voir même tenter de changer, ce n'était pas plus compliqué que ça. Etais-je prête à m'engager ? Je n'en avais pas la moindre idée. J'avais failli le faire avec Dax mais c'était plus par lâcheté qu'autre chose. Parce que je ne craignais rien avec lui, il était un peu mon meilleur ami en fait. Je savais pertinemment que nous n'étions pas faits pour être ensemble, dire que nous avions failli nous marier ! J'étais restée avec lui pour une raison totalement floue. C'était peut-être parce que je savais que de son côté, il y avait des sentiments et que je n'avais pas eu le courage de lui dire que ce n'était pas mon cas. A mes yeux, il n'était qu'un très bon ami, mais c'était loin d'être le genre de chose plaisante à dire. Loin de là, même. Au final, j'avais réussi à rompre et ça avait été loin d'être facile mais à présent, c'était fait, c'était le principal.

Il y a quelques mois, lors de la première de Burlesque à laquelle s'était rendue Ian, je ne me doutais pas encore des sentiments que j'avais pour lui. J'étais parfaitement et totalement aveugle. La nuit passée ensemble m'avait permis d'ouvrir les yeux mais aussi, m'avait fait fuir. C'était presque ridicule, n'est-ce pas ? A mes yeux, cela l'était énormément et je ne changerai pas d'opinion là dessus. J'avais beau ne pas aimer mes réactions et ma façon de voir les choses, je n'en restai pas moins moi-même et je n'avais pas grand chose à faire pour que cela change. Kristen Bell ne serait plus Kristen Bell si elle se mettait à crier sur tous les toits qu'elle aimait Ian Somerhalder en même temps. Mais je détestais cet aspect là de ma personnalité, il n'y avait aucun doute à avoir là dessus. Et s'il y avait une méthode pour me faire changer certaines choses chez moi, je n'hésiterai pas une seule seconde, sans aucun doute possible. Je doutais constamment et ne pouvais pas m'en empêcher. Bien sûr, je me rappelais parfaitement de la nuit que j'avais passée avec Ian, comment l'oublier ? J'avais pourtant essayé de l'appeler mais c'était presque au-dessus de mes forces, comme si j'étais incapable d'appuyer sur ce fichu bouton d'appel. Les semaines étaient passées, je n'avais rien fait pour que la situation s'améliore et du coup, je me retrouvait là, dans ce café à parler avec l'homme que je fuyais depuis des mois. Evidemment, ce n'était pas facile pour moi, je devais faire preuve de beaucoup de courage pour ne pas m'enfuir immédiatement mais je ne le ferais pas. Pour une fois, je voulais assumer ce que j'avais fait - ou pas d'ailleurs. Nous avions passé une nuit magique ensemble, je ne pouvais qu'assumer, n'est-ce pas ? Comment avait-je fait pour passer autant de temps loin de lui en refoulant ce que je ressentais ? Encore une question à laquelle je ne pouvais pas répondre. A croire que cela devenait une habitude avec le temps...

Dire que dès que je rencontrais une nouvelle personne, j'étais incapable de rester sur place tant j'étais contente. Faire de nouvelles rencontres, j'aimais ça... indéniablement. Pourquoi ? Parce que j'étais quelqu'un qui aimait être en contact avec les autres, pas très tactile à faire des câlins à chaque personne que je croisais, mais quelqu'un qui aimait rire et ce, avec n'importe qui ! Ceux qui me connaissaient réellement ne pouvaient pas dire le contraire : je ne tenais pas en place et quand, sur un plateau de tournage, un des acteurs s'isolaient, ce n'était pas pour bien longtemps parce que je rôdais et que j'allais immédiatement vers ceux qui étaient seuls. Etre seule n'était pas dans mes habitudes et j'avais toujours un ou une ami(e) avec qui me balader, passer des soirées, m'occuper tout simplement. Rachel la première d'ailleurs. Enfin bref, j'étais plutôt du genre optimiste à penser avant d'agir, à rigoler avec tout le monde - même avec ceux que personne n'aimaient - et pourtant, je fuyais mes sentiments. Ironique, hein ? Seule Rachel était au courant pour l'histoire avec Ian. Je lui en avais parlé parce que j'en avais ressenti le besoin et elle avait été très compréhensive. Dans un premier temps seulement, puisqu'elle n'avait pas tardé à s'acharner sur moi, me traitant gentiment de tous les noms. « Pourquoi ai-je une meilleure aussi stupide ? » avait-elle répété à plusieurs reprises. Au fond, je savais qu'elle avait parfaitement & totalement raison mais après ça encore je n'avais rien fait pour reprendre contact avec Ian. Ma conversation avec elle remontait maintenant à un ou deux mois et j'y pensais sans cesse, me demandant pourquoi je n'avais toujours rien fait pour changer tout ça. A chaque fois que je m'étais apprêtée à faire un pas en direction de Ian, j'avais changé d'avis en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, et j'en avais fait deux en arrière. Je m'en étais énormément voulu. Forcément, je gâchais tout et en plus je n'écoutais pas les conseils de Rachel qui, à chaque fois qu'elle passait me voir, répétait les mêmes choses. Cela n'avait rien changé puisque nous en étions au même stade. Quoi qu'à présent, ce n'était plus pareil du tout. J'étais face à Ian, un café dans les mains que je fixais inlassablement, dans l'espoir de tomber dedans et de disparaître définitivement, sans doute. A présent, j'étais seule face à mes responsabilités et je n'avais aucun moyen de fuir. C'était une occasion en or qui se présentait à moi, j'allais enfin pouvoir m'excuser et m'expliquer surtout. Ce n'était pas facile à faire, certes, mais au moins, ce serait faire, et je n'aurais plus à me sentir coupable. Enfin.

J'avais conscience de tourner autour du pot et par la même occasion, d'accentuer la nervosité très certainement déjà présente, chez Ian. J'avais du mal à me lancer, c'était comme quelque chose de bien trop gros pour que cela sorte de ma bouche. Il faut dire que le sujet de la conversation était très important pour moi, et peut-être même pour lui. C'était très compliqué de mettre des mots sur ce que je ressentais et sur ce qui se passait dans ma tête. C'était déjà tellement incompréhensible pour moi, comment pourrais-je le dire à voix haute ? Question sans réponse, une fois de plus. J'avais fini par me lancer, demandant à Ian ce qu'il voulait savoir, bien que j'en aie déjà une vague idée. Pas bien compliqué de deviner en même temps. Il m'avait rapidement répondu, parlant d'un ton où l'impatience suintait à chaque mot, ce qui ne m'étonnait pas le moins du monde. Le regardant dans les yeux, j'avais fini par me lancer d'une voix pas très engageante, je dois bien l'avouer. Il faut dire que mon courage, pourtant très présent ces dernières minutes, m'avait brusquement quitté, sans même me prévenir. Former des phrases m'avait soudainement parue bien compliqué. Mes premières phrases avaient été à la limite du compréhensible. J'avais parlé doucement, comme si j'avais peur de ce que je disais. Ma phrase s'était stoppé net au beau milieu de tout ça mais je m'étais bien vite reprise, parlant d'une voix plus que rapide, histoire de me débarrasser de toutes ces explications une bonne fois pour toute. Une fois que ce fut lancée, je me rendis compte de ce que je venais de dire. Bon, bah au moins, c'était fait hein... Une gorgée de café me permit de reprendre un peu mes esprits. Je reposai la tasse, gardant l'une de mes mains autour et l'autre posée sur la table. A présent, je ne regardai plus Ian dans les yeux, pas après tout ce que je venais de dire ! Je me contentais de fixer un point que je ne regardais pas réellement d'ailleurs, au-dessus de son épaule et c'était largement suffisant ! Du coin de l'oeil, je vis Ian bouger sur sa chaise mais ne pris pas la peine de regarder ce qu'il faisait. Si c'était pour le voir fuir, cela ne valait réellement pas le coup ! Quand je sentis sa main se poser sur la mienne, je baissai la tête pour la regarder, avant de relever le regard dans sa direction. Sa tête était légèrement penchée et il me fixait, un léger sourire aux lèvres. C'était bon signe, non ? « Ecoute Kristen, nous sommes tous les deux pareils. Mais tu comprends, tu n’aurais pas pu t’enfuir encore bien longtemps…Bien sûr que je comprends car même moi, j’ai peur de ce que je ressens, mais je suis prêt à assumer ces sentiments, d’accord ? Il faut que tu en fasses de même, bien sûr, si tu en as réellement envi, je ne te force en rien, c’est évident. » Dit-il en me regardant toujours. Assumer mes sentiments, étais-je capable de le faire ? Pourquoi ne le pourrais-je pas, après tout ? Il était pareil que moi, d'après ce qu'il venait de me dire pourtant, il était près à le faire. Alors je le devais aussi. Le regardant dans les yeux, je pris parole, lui répondant d'une voix calmée par ce qu'il venait de me dire. J'étais beaucoup moins stressée et nerveuse, tout à coup. « Je sais tout ça... Enfin, que je n'aurais pas pu fuir plus longtemps. J'aurais même dû réagir avant, en fait. Je crois que je suis prête à assumer mes sentiments parce qu'on ne peut pas aller contre tout ça... Et je suis désolée d'avoir attendu aussi longtemps pour réaliser ça... » terminai-je rapidement, parlant de moins en moins fort au fil des mots. Au moins, maintenant, tout était réglé, non ?

Au final, seules de bonnes choses allaient ressortir de cette rencontre totalement inattendue. Oh, je me doutais bien depuis longtemps déjà qu'un jour, je devrais faire face à Ian, volontairement ou non mais pas comme ça, pas comme aujourd'hui. J'avais tenté de fuir, ne réfléchissant pas du tout à ce que je faisais ou même à ce que j'aurais pu faire plutôt que de m'enfuir comme une voleuse, pendant qu'il avait le dos tourné. La première fois, j'avais profité de son sommeil et aujourd'hui, j'avais profité du fait qu'il était en train de regarder d'un air très intéressé une vitrine. Dieu merci il s'était retourné, m'avait vue et m'avait rattrapée avant que je n'ai le temps de faire une nouvelle erreur. Si, au tout début de cette conversation, j'aurais tout donné pour être n'importe où plutôt qu'ici, maintenant, tout mon être était soulage. Parce que, finalement, tout s'était réglé. Bien sûr, il subsistait quelques doutes, quelques petits détails que nous n'avions pas encore eu le temps de régler mais était-ce si important, au final ? J'avais eu le courage de me lancer, de me déballer, de lui exprimer ce que je ressentais et ce à quoi je pensais en prenant la fuite pendant ces quelques mois. Ces mois qui m'avaient parue si longs, si ternes, si vides, si inutiles. Parce qu'il me manquait l'essentiel, mais je ne m'en rendais pas compte. Peut-être que si, dans le fond, je comprenais que j'avais fais le mauvais choix en prenant la fuite - comment aurais-je pu ne pas me rendre compte de ça ? - mais je n'avais pas pour autant fait le premier pas. Non, j'avais tout fait pour l'éviter, pour ne pas le croiser de nouveau. Aucun cran, aucun courage. Je n'étais qu'une lâche, je serais stupide de nier quelque chose d'aussi lâche. En voulant éviter de souffrir, j'avais fais bien pire : j'avais fais souffrir Ian, celui à qui je tenais temps. Et bien évidemment, inconsciemment, j'avais souffert. Énormément, beaucoup trop. J'aurais pu éviter ça, mais j'étais lâche, beaucoup trop.

Les évènements de cette après-midi me paraissaient si étranges. J'avais l'impression d'être en plein rêve et que, d'un instant à l'autre, j'allais me réveiller dans mon lit. Seule. Mais ce n'était pas le cas, cela n'arriverait bien. Je vivais un moment réel. Ian était bel et bien là, devant moi, à me scruter, pendant que je me confiais. Nous étions bien dans un café, entourés de quelques autres personnes qui semblaient ne pas faire attention au fait que Kristen Bell et Ian Somerhalder étaient là, en chair et en os. Il devait être occupé à tout autre chose, tout comme moi j'étais occupée, tantôt à contempler ma tasse de café, tantôt à plonger dans les yeux bleus de mon compagnon de table. Alors que je venais de terminer ma tirade dans laquelle je m'expliquais sur mes actes passés, sur la plus grosse erreur que j'avais jamais commise, je regardai Ian dans les yeux, attendant avec une légère inquiétude sa réaction. Mes pensées vagabondaient à leurs guises, je me remémorai mais quelques souvenirs de Ian. Le tournage de Pulse, et les petites chamailleries et taquineries me paraissaient si loin à présent... Tant de choses avaient changé et évolué depuis. Je m'étais mise en couple avec Dax, pendant que les sentiments que j'éprouvais sûrement déjà à l'époque me rongeait de l'intérieur sans même que je m'en rende compte. Je l'avais revu à plusieurs reprises par la suite, nous nous étions croisés au détour d'une remise de prix, au détour d'une première, rien de bien particulier. Deux grands amis... Qui se dévoraient du regard sans même s'en rendre compte. Et en novembre 2010, ces deux "amis" avaient dérapé, les faisant réaliser à quel point les sentiments qu'ils ressentaient l'un pour l'autre n'avaient rien d'amicaux. Rupture avec Dax, fuite incessante. Ma vie n'avait rythmé que grâce à mes amis et aux tournages par la suite... Je culpabilisai pour ce que j'avais fais à Ian mais je ne faisais rien pour que cela change. Bien sûr, aujourd'hui, je le regrettai amèrement , je m'en voulais énormément. Mais puisque je ne pouvais pas retourner en arrière, je devais assumer ça. Ici et maintenant. Plus de solution de repli cette fois.

Ian était capable de me calmer rien qu'en parlant d'une voix douce et calme... Jamais je n'aurais pu imaginer que cela m'arrive à moi, un jour. Cela n'avait jamais été le cas avec Dax, parce qu'il n'était qu'un ami, à mes yeux, et avec Ian, c'était différent. Totalement différent. Je ne pouvais plus le nier, il était temps d'assumer. Aucun doute là-dessus : Rachel serait très fière de moi si elle était là. Elle m'avait pressée pendant tous ces mois pour que je me lance et que j'aille lui parler. Mais je ne l'avais jamais fais, par peur de sa réaction, par peur de la souffrance. Sans aucun doute, Jensen se foutrait de moi comme pas possible. Il était là pour moi dans les coups durs mais il était aussi là pour rire de moi quand il sentait qu'il pouvait en plaisanter. Pourrais-je lui en vouloir ? Non, pas le moins du monde, parce qu'il était comme ça et que je ne le changerai pour rien au monde. C'était exactement comme ça que je l'appréciai, de toute façon ! Et puis, pour tout dire, je me trouvais stupide aussi, à ce moment précis. Parce que je l'étais depuis trop longtemps et que je devais l'être encore plus vu l'état de stress dans lequel j'avais été, quelques minutes auparavant. A présent, j'étais calmée et c'était largement mieux ainsi. « Parfait ! » Le sourire de Ian qui m'avait tant manquée s'étala sur son visage. Il avait l'air heureux et je l'étais énormément moi aussi. Un petit sourire timide était apparu sur mon visage et je bus la dernière gorgée de mon café, avant de reposer la tasse devant moi. Je me redressai largement en avant, posant mes coudes sur la table et ma tête sur le dos de mes mains. Je fixai Ian avec un léger sourire en coin. Ian ne tarda pas à reprendre la parole et je posai mes bras sur la table, triturant mes doigts, mal à l'aise. « Alors, que va-t-il se passer pour nous deux maintenant ? Je te le demande histoire que je ne me fasse pas de fausses idées et que tout soit clair entre nous deux. » Oui, j'étais gênée, que pouvais-je répondre à ça ? Bien évidemment, j'aimerais que quelque chose commence entre nous, mais après ce que je lui avais fait, le voulait-il réellement ? Je n'étais plus certaine de rien et j'avais l'impression de retrouver la Kristen dès début : timide et pas sûre d'elle du tout. Je me raclai légèrement la gorge, baissant les yeux pour regarder mes mains. « Et bien... tout dépend de toi, en fait. Je suis prête à toute assumer maintenant, mais je ne sais pas si c'est ton cas, ce que je comprendrais avec tout ce que je t'ai fais enduré, d'ailleurs. » dis-je d'une petite voix. Mais je devais me ressaisir, depuis le début de cette confrontation, c'était lui qui me rassurait et moi qui fuyais encore et toujours, moi qui faisais la petite fille blessée. ç'aurait dû être l'inverse. Je relevai la tête, et repris un visage assuré. Il avait fais le premier pas en exigeant des explications, à moi de faire le second en le rassurant, à mon tour. « Si ça ne tenait qu'à moi... tu sais déjà ce que je voudrais. Enfin, je pense que tu le sais. » rajoutai-je rapidement, avant qu'il ait le temps d'ajouter quoi que ce soit.

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